privessionnel

Je tourne et retourne ce billet depuis plusieurs jours, hésitante des remous qu'il pourrait provoquer, oui j'en suis là, ou plutôt on en est là !
De quoi s'agit-il ? Je vous laisse chercher, ça ne devrait pas être trop dur à trouver et, ainsi, vous forger votre propre opinion, car tout a été dit. (Allez, dans mon infinie bonté je vous indique quand même où trouver une synthèse )
Pour ma part, en essayant de comprendre, je me suis fait insulter. Ce qui aura eu comme effet, ce billet de blog plein d'interrogations sur la forme, et de remise en question.
Dans la mesure ou, et c'est mon choix, j'essaie de garder mes opinions politiques pour moi et mon cercle très proche (vive les repas de famille du dimanche ;-) devoir justifier  de mes opinions équivaudrait à un coming-out (dont je serais incapable à moins d'une semaine des présidentielles ;-) et qui  n'a rien à faire, à mon avis, dans un espace public. D'autant plus dans un métier ou la neutralité est exigée, ou le public n'a pas à connaître nos orientationsnotre devoir étant d'accueillir équitablement tous les publics. J'estime à n'avoir pas à me justifier, auprès de qui que ce soit, hormis auprès de ma hiérarchie. J'ai aussi envie de répondre que mes actes publics suffisent, je n'ai pas à me justifier auprès de personnes qui n'ont aucune légitimité pour me demander de le faire. Cette position doit-elle m'exclure du "débat" ?

Lors des formations, je débute et j'insiste lourdement sur la notion d'E-dentité numérique en expliquant, entre autre, qu'en tant que fonctionnaire le double impact que peuvent avoir nos propos, ne jamais oublier qu'on peut être sanctionné deux fois, ça calme tout de suite.
- Pour autant faut-il avancer masquer ?
Si c'est pour pouvoir dire du mal de tout sur tout, oui, c'est préférable mais contestable, il ne faudra pas s'étonner d'être qualifié de troll et il sera utile de se poser la question de sa présence sur les réseaux ?
Si c'est pour essayer de garder un peu d'anonymat et de tenter de résister au GAFA, oui, ça vaut au moins la peine d'essayer.
Mais en fait ce n'est pas si simple dans une profession ou l'usager est au sein de nos préoccupations (si, si, il paraît que ce n'est pas une légende urbaine). 
L'anonymat autorise la schizophrénie, que Liber, Libri avait défini avec ce terme "privessionnel" que j'aime beaucoup et que je partage surtout quand elle écrit : "Préserver cette limite protège certaines libertés qui me sont chères. L'une d'entre elles est la liberté d'être stupide, de ne pas me prendre au sérieux, de ne pas prendre mon travail au sérieux, de ne pas prendre la profession au sérieux."
Comme elle, mon métier c'est mon quotidien, il interfère dans ma vie privée et j'aime bien parler de ce petit quotidien, dérisoire pour la plupart du commun des mortels... Qui ont le choix de passer leur chemin, si cela ne les intéresse pas.
Au passage je me rends compte que ce néologisme "privessionnel" date de 2008 ! Bientôt 10 ans et cela n'aura servi à rien ?
J'ai de l'admiration pour les gens qui avancent à visage découvert, quand c'est réfléchi, car c'est un grand écart qui nécessite de mesurer ces propos en permanence et ne laisse aucune part à l'improvisation. En même temps, cela évite de se demander si nos amis sont vraiment nos amis :-)
Vous me direz, mais on peut paramétrer ses comptes ? Certes
- Faut-il verrouiller ses propos ? Je suis sure que la plupart d'entre vous sont allés vérifier les paramètres de leur compte ces derniers jours ;-) Et c'est une bonne chose puisque les UGC changent régulièrement sur les réseaux sociaux : ce qui était privé peut-il devenir public ? Ce qui est privé est surtout propriété des réseaux sociaux sur lesquels on publie.
Et sinon l'autre précaution ne serait-elle pas de faire attention à ce que l'on écrit, tout comme l'on fait attention lorsque on est face à nos usagers ?
De plus, verrouiller un réseau social est, à mon sens antinomique. Le réseau social, comme son nom l'indique c'est l'interaction, le participatif, l'ouverture sur le monde, la découverte de l'autre, de nouvelles initiatives de nouvelles idées, la machine à café mondiale ! Bref,  tout sauf du verrouillage ?
Je me fais un devoir de ne rien limiter sur mes réseaux, tout le monde peut lire et commenter, ainsi je découvre des contradicteurs, des gens qui me poussent dans mes retranchements et me font réfléchir voire même CHANGER D'AVIS ! Bon j'avoue que les jolies blondes des pays de l'Est en tenue légère sur leur photo de profil ne m'ont pas encore convaincue et j'ai tendance à les bloquer. Tout comme les trolls et les personnes qui m'insultent,.
C'est vrai, je conseille aux stagiaires lorsqu'ils arrivent sur les réseaux sociaux de se créer une communauté d'intérêt, ça leur évite de se perdre, de se noyer dans le grand bain. Mais aussi cela leur permet de trouver un intérêt aux réseaux sociaux, parce que dans notre profession ce n'est pas toujours évident et il reste encore beaucoup de blocages.
Mais depuis le temps que j'y traîne sur ces réseaux sociaux, j'avoue cela peut finir par devenir consanguin de rester dans un entre-soi sclérosé. J'ai lu aussi dernièrement (mais la impossible de retrouver le lien) que, souvent, c'est avec les gens qui ont les mêmes centres intérêts que vous, que les débats sont les plus violents et ... Les plus stériles.
Tout le monde parle en même temps, donne son avis, puisqu'il faut avoir un avis sur tout, mais personne ne s'écoute... Voilà l'image que l'on donne de notre profession, une profession au bord de l'implosion ?  Une collègue récemment évoquait une "profession de fin de race", je vous laisse avec ça.

[addenda]
Je vais faire encore un peu de résistance, mais je pense finir par arriver à ce que je pensais invraisemblable : verrouiller mes propos ! Les réserver à un cercle de proches, afin de ne pas me priver de mes amis, de prendre de leurs nouvelles, de savoir comment ils vont, comment ils vivent.
Parce que non définitivement, non, on ne peut pas rire de tout, ironiser, faire preuve d'auto-dérision, sans que certains ne comprenant rien ne vous dénoncent à la face du monde, ce n'est pas "Big Brother is watching you" c'est votre voisin qui regarde par dessus votre mur virtuel et vérifie que vous êtes dans le... je ne sais quoi d'ailleurs : le politiquement correct ?
Ah oui encore une chose, après quelques déconvenues, maintenant, quand je publie quelque chose, je me pose une question : "Est-ce que je risque de blesser quelqu'un si j'écris ou publie cela ?"

[nouvel addenda] Un anniversaire aujourd'hui celui de la mort de Pierre Desproges, à lire et relire : 
"... Peut-on rire avec tout le monde ? c’est dur… Personnellement, il m’arrive de renâcler à l’idée d’inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée. C’est quelquefois au-dessus de mes forces, dans certains environnements humains : la compagnie d’un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d’un terroriste hystérique, je pouffe à peine, et la présence à mes côtés d’un militant d’extrême droite assombrit couramment ma jovialité monacale."
Réquisitoire du Tribunal des Flagrants délires,

Commentaires

Bob a dit…
Pour rigoler (et approfondir), une équipe pearltrees 'Humour critique et critique de l'anti-politiquement correct'

Bisous fuchsia

http://www.pearltrees.com/t/critique-politiquement-correct/id10319939
Pouet a dit…
N'écrivant plus sous pseudo, il faudrait que je refasse un billet sur ce que ça a changé, mais dans ce lourd contexte l'envie d'écrire s'étiole... Je suis tellement atterrée de la violence des débats de ces dernières semaines.
Fabien Ratz a dit…
Un article pour ne pas prendre position, en somme ? J'avoue que citer l'article interminable (et à la conclusion on ne peut plus malaisante) de Dominique Lahary comme "synthèse" m'a bien amusé.

Outre regretter encore et encore que si peu de A aient osé prendre une position claire sur ce sujet grave, en tant qu'utilisateur de Facebook, je suis d'accord pour dire que les CGU y changent régulièrement... mais qu'y publier en "public" n'est jamais l'option par défaut. Il faut le vouloir et Mme Chazaud le voulait, comme l'analyse pertinemment le blogueur d'Affordance. Je pense comme lui que c'est un acte volontaire et non une méprise sur le fonctionnement d'Internet.

Si j'ai bien compris ta position, Sophie, c'est de dire que les réseaux sociaux c'est quand mieux quand c'est ouvert. Soit. Mais qu'est ce qui différenciait sa page Facebook de ton blog ? L'accès en était libre et je me demande même si ce n'était pas plus simple pour l'internaute lambda de tomber sur les (oui parce qu'il y en avait un fameux paquet quand même) publications haineuses de Mme Chazaud que sur tes billets de blog. Imagines-tu publier sur ton blog un appel anti-untel ou untel ?

Enfin, je cherche encore l'humour dans ces publications de la rédactrice en chef du BBF...

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