Lettre au tribunal


Cher tribunal,
Dimanche prochain, je devais partir en vacances, certes je peux m'estimer heureuse de partir en vacances ce n'est pas le cas de tout le monde. En même temps, j'aimerais vraiment partir car j'ai peur de ne plus pouvoir le faire dans les mois et années à venir.
Je ne suis pas partie depuis le mois d'Août et ces vacances j'en rêvais, j'en rêvais parce que l'année est quand même un peu difficile :
Depuis 18 mois, nous sommes soumis à une attente interminable concernant la survie de la raffinerie Petroplus, et voilà que vous, cher tribunal, avez fixé l'échéance définitive le mercredi 16 avril en annonçant une audience à cette date fatale, c'est à dire en plein milieu de nos vacances.
Ce n'est pas des vacances sur des îles paradisiaques, il ne s'agit pas non plus d'aller planquer de l'argent dans des paradis fiscaux, non il s'agit juste de profiter un peu de l'air de l'atlantique. Faire respirer à nous et aux enfants autre chose que des nuages toxiques !
Mais voilà, cher tribunal, ça fait des semaines que tu aurais pu annoncer une audience que l'on attendait avec impatience et qui aurait mis fin à cette angoisse qui nous colle à la peau depuis des mois et au stress qui va avec, là je pense au leader syndical de cette lutte qui est en ce moment à l'hopital suite à un malaise, alors c'est vrai que réclamer d'avancer une audience pour pouvoir partir en vacances cela semble tellement futile et égoïste !
Vois-tu, cher tribunal, en nous rendant ce service, tu lèverais ainsi cette angoisse pour des centaines de personnes parce que là, c'est juste qu'on en peut plus, nous je dis nous pour ceux qui travaillent dans des conditions qui deviennent plus qu'inconfortables : il n'y a plus de chauffage à la raffinerie, pour ceux à qui ça parle : vous voyez la cheminée rouge et blanche ? Hé bien, c'est fini vous ne verrez plus de fumée s'en échapper !
Mais je m'égare avec des détails qui ont si peu d'importance, avoir froid et vouloir partir en vacances, mais quand même cher tribunal si tu pouvais annoncer une audience rapidement pour qu'on aille soit faire la fête ou pleurer devant les couchers de soleil de l'Atlantique, je t'en serais vraiment reconnaissante et sans vouloir être menaçante je pense que si je rate mes vacances, je serais là le 16 avril, et si en plus l'annonce devait être  mauvaise il risquerait d'y avoir non pas du sable mais des galets au fond des mes poches....



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