Les torchons et les serviettes

J'adore l'Angleterre et ses paradoxes !

Ils ont peut être les Idea stores (les torchons ?) mais ils ont aussi la British Library (la serviette ?).




Et la lecture de cet article pourra surprendre :

[... Les jeunes étudiants ne se tiennent pas, ils gloussent, traînent les sièges, flirtent, boivent des capucinos en se croyant dans une sorte de cafèt'. Et « le pire c'est que maintenant ils répondent au téléphone », »...] (ah la la ! ces jeunes y respectent pu rien ;-)

Ca me fait penser à un architecte qui, sur un projet de médiathèque, avait dit avec emphase :" A la bibliothèque il faut un endroit pour lire, un autre pour fumer, un autre pour b... !"

Mais il y a autre chose qui m'avait déjà interpellée au cours d'un stage dans une bibliothèque anglaise : "il confirme que le directeur de la bibliothèque reçoit des primes de performance en fonction du nombre de visiteurs"...

Et chez nous ? Je n'ose imaginer le tollé que cela provoquerait...

Commentaires

mediamus a dit…
Un article très intéressant à mettre en relation avec le dernier n° du BBF et son dossier : "Evaluation et prospective", pour voir à quel degré cet enjeu est pris en compte de ce côté-ci de la Manche. Nicolas
mediamus a dit…
"Si l’on considère qu’il convient d’augmenter la pratique de la lecture, un objectif comme l’augmentation de la fréquentation des bibliothèques ne peut suffire en lui-même à évaluer un résultat en la matière, car les usagers d’une bibliothèque peuvent, par exemple, se contenter d’emprunter ou d’utiliser sur place des disques ou des documents audiovisuels. " Thierry Giappiconi Les dimensions politiques et stratégiques de l’évaluation en bibliothèque, BBF 2008, n° 3. source : http://bbf.enssib.fr/sdx/BBF/pdf/bbf-2008-3/bbf-2008-03-0006-001.pdf

Je suis triste de constater que le concept de médiathèque n'est pas encore entré dans toutes les consciences. Difficile après cela de trouver encore un peu de force pour rappeller que les phonogrammes et les vidéogrammes sont aussi des outils de connaissances et de savoir, en plus d'être les supports d'oeuvres culturelles et artistiques.
Les torchons et les serviettes ? Oui c'est bien celà. Nicolas
Sophie Bib a dit…
Merci Nicolas pour ce triste constat, hélas reflet de notre situation.
eric1871 a dit…
Je ne me souviens pas si, lorsqu'on s'est vus à Toulouse, je t'ai dit que "faire du prêt de masse ce n'était pas mon métier", en tous cas je confirme, mais je nuancerais en ajoutant que "faire du social, ça fait partie de mon métier".
Plus avant, on parlait de règles à respecter dans les bibliothèques/médiathèques, il n'y a en a certes pas besoin si on sélectionne le public ; ce dont j'ai envie, c'est de communiquer... Si possible autour de la musique, c'est, si possible, d'offrir de la musique aux gens, si possible de la musique de qualité.
Adapter mon discours aux gens, c'est souvent la difficulté.
Ainsi, les jeunes comprennent quand on leur demande de faire moins de bruit ou de bien se tenir : ils ont l'habitude d'être "réprimés" (oui j'ai bien écrit réprimés et non réprimandés) dans leurs collèges, mais pas les vieux... Chez nous ce sont parfois eux les plus bruyants (gênants) mais on leur doit le respect (d'ailleurs les jeunes ont beau jeu de dire aux agents : "A eux vous leur dites rien ?").
Sophie Bib a dit…
@Eric : oui tu me l'as dit et j'ai toujours un autre point de vue ;-): le prêt de masse, pourquoi pas si il est automatisé ? car cela voudrait que nous aurions réussi à faire venir un maximum de gens dans nos bibs, quant au social, pour moi, non il ne fait pas partie de mon métier, du moins pas de la façon dont on le considère chez nous, sinon j'aurais fait assistante sociale, mais je te rejoins sur un point : communiquer autour de la musique (en silence ;-)
Yvonnic a dit…
La phrase de T.Giappiconi est bizarrement tournée, mais je ne suis pas sûr qu'elle soit bien comprise. Si l'on entend par fréquentation, le seul prêt de documents imprimés (lecture), il nous dit bien que ce n'est precisement pas suffisant comme critère d'évaluation, et qu'il convient de prendre en compte l'ensemble de la fréquentation (emprunteurs tous docs et non-emprunteurs). Enfin, c'est comme ça que je le comprend .Certes, l'expression "se contenter" est un peu malheureuse, mais bon...
La question de la prise en compte des fréquentations globales est au centre du débat sur l'évaluation. Dans ma bib nous avons commencé un comptage (manuel) de tous les "entrants", d'où nous défalquons en fin de journée les emprunteurs. Les résultats sont absolument étonnants : la fréquentation réelle tourne autour de 40% de plus que le nombre d'emprunteurs! Devrions-nous y ajouter ceux qui se connectent de chez eux au catalogue ou au site ? Et pourquoi pas ?
Qui permettra que ces mesures soient enfin prises en compte ?
En attendant, essayons localement de convaincre nos élus que l'impact de leur médiathèque sur la population est bien supérieur au nombre "d'inscrits actifs". Si on peut à notre niveau faire avancer les mentalités, faisons-le. Qui est-il le plus important de convaincre : nos décideurs locaux ou les auteurs d'articles du BBF ?

@Eric1871. Cent fois d'accord sur le constat que les vieux ont le comportement le plus incivique qui soit. Qu'il s'agisse du bruit, de leur façon d'occuper les tables (Un journal grand ouvert, la casquette posée à côté, un regard mauvais, et voilà une table de quatre qui ne sera pas utilisée par des jeunes venus faire un devoir ensemble. C'est tous les jours !), ou de leur respect du règlement (carte oubliée, prêts reportés sine die, refus des pénalités, réflexions desagréables dès qu'une modification des espaces intervient, remarques sur le chauffage etc...).
Pas d'accord avec le fait qu'on leur doive un "respect particulier". C'est de la discrimination. On leur doit le mème respect qu'aux autres, un point c'est tout, et les mèmes réprimandes s'ils le méritent.
Je sais, les vieux votent. Pas les ados. (d'un autre côté les vieux crèvent, les ados grandissent, hi,hi). Certains disent mème qu'ils ont plus de devoirs que les jeunes car ils doivent montrer l'exemple. Le respect dû aux cheveux blancs était autrefois basé sur autre chose que le seul fait d'être vieux. Ils étaient censés être porteurs et vecteurs de valeurs sociales. Etre exemplaires et ainsi contribuer à l'education de la jeunesse. Si aujourd'hui ils se comportent comme des voyous à qui tout est dû, pas de pitié ! Faites votre choix. Personnellement je n'ai jamais manqué d'informer mes élus successifs qu'une poignée de vieillards irascibles avait fait fuir les jeunes de certains espaces de la médiathèque.
Non, mais !
@Sophie : ce commentaire est entièrement sérieux, à prendre au premier dégré)
Sophie Bib a dit…
@Yvonnic : peut être que Nicolas te repondra, mais en attendant : oui il faut changer nos critères d'évaluation, oui il faut prendre en compte les usagers qui se connectent sur le site, sinon nous sommes fichus et pour convaincre les élus, il est quand même bien pratique de pouvoir s'appuyer sur les institutions officielles qui recueillent les données que nous leur fournissons ?
Ne seraient-ce pas leur rôle de revoir ces critères d'évaluation ?
Quant à la remarque de TG, elle est peut être une remarque malheureuse, mais, hélas, une de plus, qui chaque fois remet du sel sur la plaie de la légitimité de la musique en bibliothèque, Yvonnic, je ne sais pas si vous saisissez bien les enjeux (je vais mourir une 2e fois moi ;-)mais la situation de la musique en bibliothèque est en péril : de plus en plus on entend poser la question de la nécessité d'une telle collection en bibliothèque.
Yvonnic a dit…
@ Sophie. D'accord avec toi sur le rôle des institutions. Le probleme c'est que la DLL a disparu, que ses dernieres stats dataient de 2004 et que, malgré les conseils avisés de nos représentants, elle n'a jamais changé ses critères d'évaluation. Elle ne prenait mème pas en compte dans sa globalité le phenomène intercommunal. Et son immobilisme intellectuel a considérablement accrédité l'idée que "hors du prêt d'imprimés, point de salut". Bon. Exit la DLL et chacun de pleurnicher dans son coin (j'ai vu passer ça sur pas mal de blogs...) ? Je préfère, naivement peut-être, imaginer que ce qui la remplacera sera plus decentralisé, plus proche donc de nous, et par là-meme plus apte à prendre en compte nos réalités de terrain. Je sais pas moi, une DRAC intelligente (autonome), par exemple. Mais en attendant, je persiste : préparons le terrain au niveau des décideurs locaux. Comme pour le plaidoyer sur la gratuité. C'est localement que l'essentiel se décide. Parce que c'est constitutionnel, tout simplement : la libre administration des collectivités locales restera. N'attendons donc pas une loi sur les bibliothèques qui ne changera rien de fondamental (sauf pour les BU, les BM classées, etc.. là où l'Etat a mis du fric et peut contrôler).

Pour la musique, je saisis d'autant mieux les enjeux que j'ai créé un secteur discothèque en 2000et que je le vois se casser la gueule d'environ 6% par an, tout en maintenant son budget, et meme en le renforçant à coups de DVD musicaux qui me coutent la peau du cul. (C'est pas moi qui choisis les CD, je te rassure...)

Attention Sophie, mon grand âge ne fait pas de moi un bibliothècaire fossile accroché à l'écrit, loin de là. J'ai créé un espace multimédia sans savoir installer un cederom ,et 9 postes de consultation internet avant de savoir personnellement m'en servir. Au culot, au feeling. Peut-être que les soixantehuitards sont restés très réactifs, curieux, intuitifs et tout et tout, non ? Comment on disait-déja, dans le temps ? Ah, oui, l'imagination au pouvoir... Ben, il en faudrait peut-être un peu d'imagination aux djeun's de la profession, non ? Et un peu d'esprit contestataire aussi .

Ceci dit, je reconnais que les Webeux en ont, et mème pas mal. Je regrette souvent de ne pas piger le dixième de leur charabia technique, mais là j'atteins mes limites. On risque pas de me voir intervenir chez Bibliobsession, que je visite beaucoup par ailleurs, en secret...

Ceci dit, gardons nos discothèques, mais pas comme on a gardé le Larzac avec des moutons d'importation et des zippies déguisés en bergers, mais plutôt avec des échanges sur les pratiques (y compris les plus ou moins légales, ça communique pas mal là-dessus et j'ai l'impression que les discours restent en deça des pratiques, mais chut...) et des combats sur la legislation. C'est ce que je reproche, gentiment, aux webeux, leur côté bricolo génial et leur croyance que les solutions sont techniques. J'ai entendu parler un jour "d'illusion techniciste". Des grands mots de grands cons. Alors que le combat est ailleurs.

Je nous reconnais un défaut (?), on était (est ?)assez individualistes. C'est pour ça qu'on a globalement réussi. Et qu'on est aux manettes maintenant. Donc ridicules, je sais. On a fait 68 pour ne pas devenir ce qu'on est devenus. Un peu con, évidemment. Mais tout le monde peut pas finir comme le Che...

J'ai feuilleté un bouquin réac récemment, d'un trentenaire hémoroïdaire, revanchard et accusateur (style on a flingué l'avenir de nos gamins etc, etc..) qui parlait avec agacement de ces "increvables papy-boomers".

J'ai joui.
Bibliobsession a dit…
d'accord avec Yvonnic pour pas attendre une éventuelle loi; mais aussi pour ajouter que pour ne pas réinventer la roue à chaque fois, une norme d'évaluation à jour qui dit quoi et comment évaluer est nécessaire, c'est ce que dit entre autres Thierry Giappiconi dans son article.
mediamus a dit…
A part ce récurrent et exaspérant problème de la dépréciation des supports sonores et audiovisuels vis à vis du livre en bibliothèque par une partie des "hiérarques", la question qui me préoccupe est de comprendre pourquoi l'augmentation de la fréquentation ne constitue pas une priorité pour les décideurs français à l'image du modèle ayant cours dans les pays anglo-saxons et nord-européens. Pour citer un chiffre, en Angleterre 48 % des adultes fréquentent une bibliothèque. Celà n'est-il pas en soi un objectif qu'il faille chercher à atteindre?
Pour rappel : "le nombre des usagers est accablant pour la France. En effet, non seulement le taux est très inférieur à celui de la Grande-Bretagne, du Danemark et à la Finlande, références habituelles en la matière, mais il est inférieur à celui de l’Espagne ou de la Grèce, pour ne citer qu’elles. " BBF 2003-2, p. 77.

Nicolas
eric1871 a dit…
@Sophie : le prêt automatisé ne me permet pas de voir ce que prennent les gens pour savoir quoi leur proposer la prochaine fois...
Ou à qui suggérer de venir à une animation...
Anonyme a dit…
Si l’on lit le texte de Thierry Giappiconi, il est juste de reconnaitre que le paragraphe d’où est extraite la phrase citée plus haut phrase est une simple hypothèse : si l’objectif est... alors le fait que... Mais cet exemple ne vient sans doute pas par hasard. Ce texte, dont je partage deux postulats essentiels (l’action des bibliothèques relève de la politique publique, elle doit être évaluée), charrie également une idéologie assumée : celle de l’antirelavisme culturel (que j’appelle absolutisme) et pulvérise la position adverse qu’il reconnait dans le rapport du Credoc ((Les Bibliothèques municipales en France après le tournant Internet, éd. de la BPI, 2007), en opposant « la décadence républicaine de Rome – panem et circenses – » à « la civilisation hellénistique ».

Quand on sépare les torchons et les serviettes, il est prévisible que les torchons supposés se révoltent, soit pour revendiquer la dignité de serviette, soit pour contester cette distinction. Si la bibliothèque publique est affaire de politique publique, elle n’a aucune raison de se limiter à la lecture ou au texte. Par ailleurs, les principes de l’IFLA-Unesco pour les bibliothèques publiques (http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001246/124654f.pdf) proclament que ces dernières « ont pour objet principal de fournir des ressources et des services dans tous les types de médias pour répondre aux besoins des individus et des groupes en matière d'éducation, d'information et de développement personnel, ceci incluant la détente et le loisir « [dans la version originale : « including recreation and leasure »].

Enfin l’article du BBF, qui tire à boulets rouges sur de l’enquête du Credoc, passe à côté de son apport principal (l’augmentation de la fréquentation sans inscription), phénomène qu’il réduit à peu de chose : « ces usagers non inscrits sont principalement des étudiants déjà inscrits dans leur bibliothèque universitaire et – dans une moindre proportion qu’on se plaît à le dire, car nombre d’entre eux sont inscrits – quelques lecteurs de périodiques ou demandeurs d’information ponctuelle, et enfin des adolescents, pour qui la bibliothèque n’a effectivement que « l’image d’un lieu culturel familier, dans la proximité immédiate du lieu de résidence » notez le « que »).
Thierry Giappiconi a dit…
Je trouve par hasard ces commentaires sur mon propos. Je suis un peu surpris de cette "surinterprétation". Que de malentendus ! Permettez-moi de préciser que je n'exprime pas ici un jugement de valeur sur tel ou tel type de document. J'indique seulement que si l'on veut mesurer l'impact de la bibliothèque en matière de lecture, l'emploi d'un indicateur aussi général que la fréquentation de la bibliothèque ne peut suffire. Mais je pourrais tout aussi bien dire que la fréquentation de la bibliothèque ne permet pas de mesurer à elle seule, la promotion de la musique, « car les usagers d’une bibliothèque peuvent, par exemple, se contenter d’emprunter ou de consulter sur place des livres ou des magazines sans rapport avec la musique ». Quant au commentaire de D. Lahary, je ne vois pas comment je pourrais opposer les vertus supposées de « la civilisation hellénistique » (la période de trois siècles séparant la mort d'Alexandre le Grand au quatrième siècle av. J.C. , de celle de la dernière reine macédonienne, Cléopâtre, à la fin du premier, donc) à de supposées vertus romaines ! Bien cordialement à tous Thierry Giappiconi.

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