PQR mon amour

Depuis le 27 avril les archives ainsi que certains articles de Paris-Normandie sont devenues payantes.

Au quotidien je n'ai pas le temps de lire Paris-Normandie et si d'aventure j'en avais l'occasion je ne pourrais pas puisque à l'ouverture de la bibliothèque les lecteurs se jettent sur la presse.
A la place, je fréquentais le site de Paris-Normandie, surtout depuis que ces derniers avait débauché notre journaliste préféré créateur de "Grand Rouen", site sur lequel beaucoup de rouennais se retrouvaient.
J'ai donc suivi Sébastien Bailly sur le site de Paris-Normandie, qui, gràce à cette arrivée, à trouver un nouveau souffle et un peu de modernité (le site, pas Sébastien Bailly ;-) avec, entre autres, un fil Twitter qui nous donnait les infos en temps réel.
Seulement voilà, maintenant quand le twitter de Paris-Normandie vous alerte, vous arrivez sur une page ou vous n'avez pas l'info, mais une proposition d'abonnement.
Cette semaine le twitter de PN annonçait le résultat de l'appel d'offres concernant la gestion du cinéma centre ville, je me suis donc précipitée pour savoir qui était l'heureux élu...


Et bah non ! Que nenni pour savoir il faut être abonné ! J'ai fini par apprendre par d'autres biais que c'était Richard Patry le directeur des cinémas d'Elbeuf qui avait obtenu cette gestion.
D'une manière ou d'une autre je pense que j'arriverais à trouver l'info qui m'intéresse. Mais le constat est navrant : j'ai désactivé le Twitter de PN ainsi que les fils RSS de mon Netvibes : à quoi bon les garder ?
Et je vais diversifier mes sources pour avoir les infos qui m'intéressent et au pire, j'attendrais le dimanche pour lire le "Journal d'Elbeuf" chez ma mère...
Je ne pense pas être la seule à agir de la sorte, ce qui me laisse à penser que ce choix n'est pas des plus judicieux. Le Paris-Normandie s'adresse à une population vieillissante en agissant ainsi, je pense que la Presse Quotidienne Régionale va perdre une partie d'un lectorat plus jeune et aguerri aux outils du web qui suivait le site, depuis la disparition de "Grand Rouen", lectorat qui faisait peut être aussi partie des contributeurs les plus actifs (et intéressants) du site. Lectorat habitué, élevé, avec la gratuité, ça me semble risqué de faire le choix après avoir ouvert les vannes de les refermer aussi brutalement, c'est là un des meilleurs moyens de se mettre à dos ce lectorat.
Je suis perplexe aussi sur la récupération des propos d'autrui : sur cet article concernant le cinéma de centre-ville quelqu'un a laissé un commentaire que seuls les abonnés peuvent lire, est-ce que l'abonné est prévenu que seuls les autres abonnés pourront lire son commentaire ? Que ses propos ne seront plus publics ? Ce genre de pratiques ne risquent-elles pas de refroidir définitivement les quelques volontaires restants et ainsi squeezer le débat ? Débat qui risque de se reporter et se disséminer sur d'autres blogs locaux ?
On pourra me répondre qu'il reste les forums ouverts à tous, mais d'après ce que j'ai pu lire ils ne font pas l'unanimité...

Et pis je sais pas vous, mais moi ça me fait pas envie !

Certes le journalisme est un métier et il est légitime de vouloir en vivre, en même temps j'ai un doute sur la viabilité économique de la solution choisie et sans vouloir remettre le couvert et avec la naïveté d'une lectrice lambda : pourquoi ne pas avoir fait le même choix que d'autres médias comme Télérama, Slate, Rue89... ?
Je suis virulente parce que j'avais envie d'une presse locale et régionale interactive, attrayante, sexy, collaborative et à la place on me propose un modèle restrictif, verrouillé.
Le retour à la réalité 1.0 est un peu dur, dommage mais ça sera sans moi.

Commentaires

Anonyme a dit…
Petite coquille : on dit "a trouvé" :)
SB a dit…
Quelques petite remarques connexes :

- l'article sur le repreneur du Gaumont faisait la une du journal papier du lendemain (édition de Rouen) : celui qui paye a eu l'information en primeur sur le web. Sur le site gratuit, on aurait attendu 14 h, le jour de la parution du papier, pour donner l'info sur le site. Le nouveau service est payant, certes, mais peut-être un peu meilleur aussi. Nous choisissons de privilégier les abonnés en leur donnant des choses que personne n'avait gratuitement avant.

- Concernant les commentaires. On a multiplié les possibilités : commentaires des articles, forums thématiques, blogs. Les commentaires sur les articles payants sont réservés au club des abonnés. Le reste est totalement accessible. Deux vitesses ? Oui. Mais on choisit où l'on écrit.

- Sur Twitter et Facebook, les liens donnés ne sont pas forcément des liens vers des articles payants (loin de là). C'est le cas lorsqu'il y a une exclusivité payante, mais les renvois se font essentiellement vers le gratuit.

- Au final, une trentaine d'articles gratuits par jour, plus les diaporamas, les vidéos, les forums, les blogs, ce n'est pas totalement anecdotique. Et plus riche que les autres sites d'info régionale, pro ou perso, ce me semble.

- A noter : l'ensemble de l'offre payante est accessible, sans surcout, à tous les abonnés papier de Paris-Normandie, qui bénéficient ainsi d'un site de meilleure qualité et plus réactif.

- Le contenu n'a pas fini de s'enrichir (par rapport au papier) avec de nouvelles rubriques, de nouveaux services : on ne manque pas d'idées.
Cyrille a dit…
Il aura fait des dégâts Sébastien (lol! et re...), sinon tu as aussi FR 3 Normandie avec de la vidéo...
Sophie Bib a dit…
@cyrille : Non Sebstien n'est pas responsable de tout, je lui suis même plutot reconnaissante, c'est grâce à lui que j'ai découvert la vie locale virtuelle rouennaise. Ce que je déplore c'est la stratégie choisie par le groupe Hersant qui doit je pense concerner aussi d'autres titres de la PQR et que l'on peut généraliser à certains autres sites d'infos-pros (non je ne citerais pas de nom ;-)
Laure Colmant a dit…
Je comprends votre interrogation, et votre post est intéressant par les questions qu'il pose.
Mais l'info a un coût. Tout le monde se plaint d'un journalisme de médiocre qualité. Pourtant, personne n'est prêt à payer pour qu'il soit meilleur. L'info ne se vend plus, le patron de presse paie son pigiste avec un lance-pierre, et celui-ci, au lieu de se décarcasser pour produire le meilleur travail en donnera pour son argent au patron de presse. Depuis vingt ans, les salaires ont baissé. Le prix des piges à diminué dans des proportions accablantes ces dernières années. Et le nombre de pigistes a fait un bond en avant. Aucun salarié n'accepterait de voir ses revenus baisser de cette façon. Dans ces conditions, le journaliste est obligé d'écrire de plus en plus d'articles pour vivre. Il a donc moins le temps pour chacun et la qualité de son travail ne peut qu'être médiocre dans ces conditions. Il faut bien vivre…
Quant à la stratégie économique, quel est le meilleur choix ? faire du bas de gamme pas cher pour le plus grand nombre (genre le gratuits). Ou tenter d'améliorer la qualité mais en faisant payer l'accès… A voir
Je trouve que le choix de ce quotidien régional (avec lequel je n'ai rien à voir) courageux.
Lisez le dernier livre de Rémi Rieffel sur les Illusions du gratuit.
Bonjour,
A mon sens, il n'y a pas que deux choix : ouvrir complètement les vannes de l'information avec une véritable stratégie d'audience locale et hyperlocale ou alors et c'est radical, ne pas avoir de présence sur le web. Le papier n'est pas mort pour la presse locale, il y a à mon sens beaucoup d'innovations possible.
Le choix d'être présent en donnant seulement une partie de l'information accessible est un mauvais choix : les revenus tirés du web seront ridicules et l'audience baissera.
J'espère néanmoins me tromper pour l'avenir de Paris-Normandie et celle de l'info locale dans cette région.

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