public, mon amour

Chers lecteurs,
Je vous aime, je vous adore, vous êtes la raison pour laquelle je fais ce métier.
J'aime discuter avec vous, échanger sur nos goûts respectifs.
J'aime quand vous me venez me voir en me disant :
"Excusez-moi de vous déranger, 
auriez-vous un CD de celle qui est morte la semaine dernière ?" 
(en fait j'aime pas trop parce que vous n'avez pas compris que j'étais là pour vous 
et que vous DEVEZ me déranger !)
Je suis désolée pour vous, d'autres ont été plus rapides, mais je suis fière quand faute de Whitney Houston vous repartez avec Macy Gray !
Autant je vous aime, autant des fois je vous hais quand vous m'agressez en m'intimant l'ordre péremptoire de baisser la musique, parce que cette musique ne vous convient pas. Vous me dites ça à moi ! Moi qui me fais un devoir de défendre le pluralisme, l'accès et le libre choix pour tous. Pour ces raisons, je n'ai pas baissé la musique, je ne l'ai pas changé non plus, mais vous m'avez blessé par vos paroles !
C'est une des premières choses que j'explique à mes stagiaires : ne pas juger, jamais ! Vous n'aimez pas Céline Dion ? Et bien vous l'achèterez quand même parce que vos lecteurs vont vous la demander et vous ne ferez pas de commentaires en prêtant le CD... Même si rien ne vous empêche de tenter d'orienter le lecteur sur une autre voi(x)e 
Je vous déteste quand 4 semaines après, j'ai fait le tour de mon bocal et complètement oublié cette altercation. Je suis même prête même à vous indiquer la table de nouveautés de musique classique devant laquelle vous êtes passé sans la voir, occupé, droit comme un I, à ne pas croiser mon regard. Je vous déteste, quand au moment de partir vous remettez 100 balles dans le nourrain, en m'accusant de vous avoir empêché l'accès aux documents il y a 4 semaines, que la bibliothèque est un lieu ou l'on emprunte de la musique pas un endroit ou on l'écoute !
Je vous réponds la même chose que la dernière fois, vous êtes dans un endroit public où vous avez à côtoyer des gens qui n'ont pas les mêmes goûts que vous et pas plus que vous, ceux-ci n'ont à changer quoi que ce soit, c'est le principe même de la vie en société, non ? Et c'est aussi ce qui fait la richesse des bibliothèques lieu de mixité par excellence !
Vous ne cédez pas ? Moi non plus ! Je vous laisse débiter votre argumentaire, je baisse les yeux, en me disant : "laisse tomber, ne renchéris pas ça ne servira à rien. Pense au marronnier du jardin quand tu étais petite il était si beau, calme, apaisant, c'était bon de s'installer dessous et de chercher le ciel à travers ses branches centenaires...
Et pendant ce temps vous continuez, déversant votre haine, vous n'aimez pas les gens, je ne vous aime pas non plus ! Vous représentez si peu par rapport à tous ses lecteurs qui viennent et qui viendront, avec lesquels j'aurais des échanges sympathiques, enrichissants...
Cependant, je fais mon métier, vous pourrez toujours emprunter des CD à la bibliothèque mais ne demandez pas de renier ce à quoi je crois et qui me fait vivre vous qui n'avez que mépris et agressivité envers moi !

PS : N'empêche si on un jour on m'avait dit que je me battrais pour Jeanne Mas (bah oui c'était elle qui passait au moment de l'incident, merci les compils Arte) J'aurais aimé un combat plus glorieux ;-)
Mais tant pis et justement je reste fidèle à mes principes : tous les goûts sont dans la nature !

Commentaires

LadyWey a dit…
J'ai à peu près vécu la même chose ... La rancoeur est toujours là et ce lecteur ne m'adresse plus la parole, m'évite volontairement .. Je te comprends Sophie et compatis, moi non plus je n'ai pas fléchi, mais il a réussi à me décrocher quelques larmes. Il a presque réussi à me remettre en question sur mon rapport au public, mais il n'a pas gagné, sur cent lecteurs adorables, il y a toujours un con, mais ce con suffit parfois à nous faire vaciller ! Des bisous tiens ;)
Smap a dit…
En rouge et noir, j'exilerai ma peur
J'irai plus haut que ces montagnes de douleur
En rouge et noir, j'afficherai mon cœur
En échange d'une trêve de douceur
En rouge et noir, mes luttes mes faiblesses
Je les connais, j' voudrais tellement qu'elles s'arrêtent
En rouge et noir, drapeau d' mes colères
Je réclame un peu de tendresse
______
Unknown a dit…
Bonjour
très bel article! Rassure toi il n'y a pas de combat plus glorieux que de défendre ce que l'on aime pas. Courage.
Alain
Anonyme a dit…
Je crois que les bibliothécaires ne trouverons qu'une chose à te dire Amen ma soeur !!!

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