service public

Hier, je me suis pris la dématérialisation des services publics en pleine face !
Depuis quelques temps, avec la fermeture dématérialisation de certains services de l'état et l'obligation de faire dorénavant des démarches en ligne, nous nous trouvons de plus en plus confronté·e·s à des personnes, de tous âges, toutes nationalités, complétement perdues :



Je me trouvais, donc, en service public dans l'espace ou se trouvent les postes internet, 
j'y ai trouvé un usager fort démuni face à un ordinateur, il ne savait pas comment se connecter sur un site du gouvernement.
Je lui explique comment faire, et finis par lui taper l'adresse sur le clavier, car un handicap le pénalisait et j'avais plusieurs sollicitations d'autres usagers en parallèle.
Evidemment, au bout de quelques instants il me demande à nouveau de l'aide, car arrivé sur le site il ne savait pas comment faire pour trouver : "une autorisation de sortie de territoire pour mineur étranger" ! (je vous mets le lien car j'en suis restée coite)
C'est aussi à ce moment là que j'ai compris que ça allait être très long, parce que si lui ne comprenait pas grand chose, moi c'était encore pire, je n'avais aucune idée de la complexité de la démarche.
J'en profite pour dire mon respect à ces personnes qui s'en sortent sans égorger de chatons, sans maudire jusqu'à la 10e génération les cerveaux qui ont produit ce "machin". D'autant que dans la majorité des cas, ces personnes, qui ont besoin de ces documents administratifs, ne sont pas pas les plus familières avec les circonvolutions de notre langue et de... nos procédures.
Bref, je me suis donc lancée et tenté de lui expliquer "les conditions à remplir" :
(avec toute la brutalité d'une lecture à voix haute de ce que j'avais sous les yeux)
- "vous n'êtes pas algérien ?"
- "non, ça se voit je suis noir ?"
-  ...
- "Votre femme a la même nationalité que vous ?
- "oui, mais elle est décédée"
- "..."
Je vous passe les détails, mais j'ai fini par trouver ce Pù^$*fuck*$^ù de formulaire cerfa et lui imprimer.
Et lui imprimer aussi la liste des pièces à fournir, longue comme un jour sans pain fin

Certes, c'est de plus en plus notre quotidien et je ne me plains pas, mais plusieurs choses m'interpellent :
- ma disponibilité : je n'avais pas le temps de lui expliquer et le laisser faire lui-même ses démarches. Il m'était difficile de faire le grand écart entre la recherche documentaire, la gestion des postes internet et de l'espace de jeux vidéo qui se trouvent au même endroit.
- Le sentiment de faire le boulot de quelqu'un d'autre, pour lequel je n'ai aucune compétence avec le risque d'erreur inhérent à ce type de situation.


J'ai fait le travail que faisait auparavant une personne de la préfecture.
Or, j'imagine que l'état en fermant certains de ses services récupère du personnel et du temps ? Sans parler de l'impression nécessaire des documents (oui, oui on parle bien de dématérialisation)
Est-ce que ces économies ont été chiffrées ? 
Est-ce que nos collectivités savent que ce sont les bibliothèques qui récupèrent depuis quelques mois ces opérations et en prennent-elles la mesure ?

De ce fait, est-il envisagée une compensation qui donnerait aux bibliothèques les moyens de réaliser ces opérations dans de bonnes conditions ? (personnel formé, postes et imprimantes dédiées, ...?

Oui je sais la marmotte, tout ça....

Commentaires

Rincevent a dit…
C'est hélas bien vrai et on le retrouve partout, tout ça... Les mairies n'ont plus de sous mais veulent maintenir le même niveau de service public. C'est vouloir le beurre et l'argent du beurre.
Nathalie a dit…
Bonjour. Le departement du morbihan en a bien conscience. www.inclusion-numerique.fr/morbihan-inclusion-numerique.
Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
Et encore, je me souviens l'avoir fait quand j'étais étudiante dans le cadre de RUSF (réseau univ sans frontière), et je trouve le lien bien plus clair que dans mes souvenirs. Globalement 90% des gens du réseau n'avaient pas de formation (par contre au moins on savait vaguement dans quoi on s'engageait :journées avec le mineur en préfecture à attendre , formalités sans nombre, etc...), rajouter ça aux missions de service public d'une biblio (c'est à dire en fait, être persuadé que le numérique est une manne, compréhensible par tous sans aide, qui permet donc d'éviter un accompagnement par des organisme spécialisé, avec des gens formés) ... en fait je n'ai pas de terme, autant ça semble absurde, autant ça rentre malheureusement dans tout ce qui se fait actuellement.

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